Les mensonges résistent mal à l’épreuve du temps
Rien ne garantit davantage le succès d’une entreprise que des collaboratrices et collaborateurs qualifiés et motivés ; il est donc impératif de toujours considérer les risques lors du recrutement. De ce fait, les services RH s’exposent souvent à de mauvaises décisions, notamment lorsqu’il est urgent de pourvoir un poste.
Les processus de recrutement traditionnels avec CV et entretiens d’embauche fournissent peu d’indices et parfois des erreurs. Enfin, les candidats font tout pour se présenter sous leur meilleur jour, quitte parfois à mentir. C’est pourquoi la vérification des antécédents qui consiste à contrôler les qualifications, l’intégrité et la réputation des collaboratrices et collaborateurs potentiels au moyen de recherches approfondies, sont de plus en plus à la mode. C’est précisément dans ce domaine que s’est spécialisée la start-up suisse Aequivalent.
Faire la lumière dans l’obscurité
Aequivalent a été créée en 2015 par son actuel directeur général, Michael Platen, avec un objectif clair : « Dès le début, mon ambition a été de proposer un service indépendant et objectif. » Un projet qui trouve son origine dans la relation complexe entre recruteurs et candidats. En effet, au cours du processus de recrutement, on constate dans de nombreux cas des informations erronées, des exagérations, voire des mensonges purs et simples.
Selon les statistiques d’Aequivalent, 7,5 % des personnes contrôlées font de fausses déclarations dans leur dossier et, au total, 73 % de toutes les expériences professionnelles mentionnées dans les CV contiennent des inexactitudes, petites ou importantes. « Au cours d’un processus de recrutement traditionnel, tant l’employeur que l’employé se présentent sous leur meilleur jour possible ; c’est pourquoi il est souvent difficile pour les services RH de réellement connaître la personne. » explique Michael Platen.
Un homme d’expérience
Sa longue carrière à des postes de management et de recrutement lui permet de parler en connaissance de cause. « Au cours de ma carrière à divers postes de recrutement, j’ai beaucoup voyagé dans le monde et approfondi ma connaissance des nombreuses facettes du recrutement. J’ai ainsi pu constater par moi-même le défi que représente pour les départements RH, le recrutement de collaborateurs et collaboratrices qualifiées. » Ces expériences sont à l’origine de la création d’Aequivalent et ont été, en outre, d’une grande aide durant la phase de lancement de l’entreprise.
Dès le début, le directeur général et fondateur Michael Platen connaissait parfaitement ses clients, leurs problématiques, souhaits et exigences. C’est sur cette base qu’il a pu établir les procédures de vérification des antécédents d’Aequivalent. La phase de démarrage a néanmoins comporté quelques défis ; en effet, Aequivalent a dû convaincre des entreprises suisses de procéder pour la première fois à des vérifications d’antécédents, processus finalement peu connus dans le pays.
L’art d’examiner une deuxième fois
Si réaliser un deuxième examen est monnaie courante dans le secteur de la santé, c’est une nouveauté dans le domaine des ressources humaines. À l’exception de certaines branches ou secteurs économiques, comme le secteur financier, où les vérifications des antécédents des candidats sont obligatoires depuis longtemps, ils ne font partie de la pratique des départements des ressources humaines que depuis récemment. Au fond, leur objectif est simple : les dossiers de candidature sont soumis à une sorte de deuxième examen par le biais d’une recherche approfondie. Toutefois, ce qui est exactement vérifié dépend de différents facteurs. Ainsi, d’un point de vue légal, seules les informations pertinentes pour le poste à pourvoir peuvent être vérifiées. En pratique, ce qui est considéré comme pertinent dépend fortement de la classification du poste à pourvoir en termes de risque, de sécurité et de confidentialité.
« Dans la plupart des cas, le CV est examiné pour déceler les inexactitudes et lacunes. On examine, en outre, le casier judiciaire ainsi que les éventuels problèmes financiers, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources financières dans les postes précédents. De façon plus générale, la réputation d’un candidat ou d’une candidate est prise en compte ; pour cela, l’on scanne les médias sociaux ou l’on interroge d’anciens collègues », comme l’explique brièvement le directeur général d’Aequivalent. Enfin, les qualifications, l’intégrité financière et la réputation d’un candidat jouent un rôle décisif pour l’employeur, car les postes stratégiques peuvent précisément influencer grandement sur le succès d’une entreprise.
Et selon des études menées par Aequivalent, c’est justement sur les problèmes financiers que l’on ment le plus souvent : 43,2 % de toutes les informations erronées dans les dossiers de candidature sont de nature financière. Par ailleurs, les gens mentent souvent lorsqu’il s’agit d’activités annexes ou de diplômes.
Niveau de risques plutôt que niveau hiérarchique
Tous les postes à pourvoir n’ont pas une influence décisive sur le succès d’une entreprise et tous les candidates et candidats n’ont pas besoin d’une vérification de leurs antécédents ; en effet, il s’agit toujours d’un calcul coûts/bénéfices. « J’ai longtemps pensé que la vérification des antécédents jouait surtout un rôle central pour les postes plus élevés d’un point de vue hiérarchique. Mais j’avais tort, comme l’ont montré les expériences de ces dernières années. La vérification des antécédents s’oriente plutôt en fonction du niveau de risques, et intervient donc principalement là où une entreprise peut être considérablement menacée », commente Michael Platen. Outre les postes de management et du secteur informatique sont particulièrement concernés. En effet, la cybersécurité et l’accès aux données sont des facteurs décisifs dans une économie désormais fortement numérisée. « C’est pourquoi il arrive parfois qu’une vérification des antécédents soit exigée même pour les stagiaires ou des apprentis », poursuit Platen.
Une gamme de services
Comme la vérification des antécédents passe en revue différents aspects des candidats selon le type de poste, Aequivalent propose plusieurs offres à ses clients, généralement des départements RH. D’une part, des programmes standard sont disponibles sur la plateforme de l’entreprise, d’autre part, un client peut également demander des programmes de vérifications d’antécédents sur mesure. De plus, Aequivalent met à la disposition de ses clients une plateforme où l’ensemble du processus de screening peut se dérouler sous forme numérique, et lutte ainsi contre les piles de papier que peuvent représenter les dossiers de candidature.
Cela permet également aux entreprises d’avoir une meilleure vue sur l’ensemble des dossiers en cours. Selon le directeur général, la plateforme numérique peut être un grand avantage, en particulier pour les clients réguliers d’Aequivalent : « Les clients qui ont besoin plusieurs fois par semaine de vérifier des antécédents tirent un grand parti de la plateforme numérique que nous mettons à leur disposition. Celle-ci réunit en un seul coup d’œil les vérifications des antécédents et documents traditionnels dans les dossiers de candidature de tous les candidats. »
Une jeune entreprise en pleine expansion
Le modèle économique d’Aequivalent est simple : « Soit la cliente ou le client signe un contrat sur mesure, car il a besoin d’effectuer des vérifications d’antécédents plusieurs fois par semaine ou par mois, soit il ou elle paye à l’unité en fonction du service utilisé », explique Michael Platen. Et cela semble fonctionner à merveille. La demande de vérifications des antécédents a en effet fortement augmenté au cours des dernières années, ce qui a permis à Aequivalent de se développer.
« Grâce à une forte demande, nous avons pu enregistrer de beaux succès commerciaux et sommes bénéficiaires. C’est pourquoi, depuis un peu plus d’un an, nous ne nous qualifions plus de start-up, mais de « scale-up », c’est-à-dire une jeune entreprise en pleine croissance », explique le directeur général d’Aequivalent. Et la nouvelle designation de l’entreprise n’augure que de belles choses. Tout en continuant à travailler à l’amélioration de sa plateforme maison, Aequivalent vient récemment de s’implanter à Berne et envisage une orientation internationale.
Date de publication : octobre 2022
Auteur : Rouven Felix, Swiss IT Magazine